La musique resonne dans son crâne, trop forte pour ses tympans fragiles. La solitude l'a poussé à ramener ses fesses ici, mais là, il serait presque en train de le regretter. Capuche sur la tête, il s'efforce de passer inaperçu. Idée de merde, c'est dans ce genre de soirée qu'on retrouve le plus de photos qui fuitent, il aurait mieux fait de réfléchir à ça plutôt deux fois qu'une. Quel imbécile. Il reste dans l'ombre, assez excentré des endroits stratégiques où la foule s'amasse. Il profite de la foule sans être au centre de celle-ci. Il déteste la foule autant qu'elle lui est nécessaire. Il déteste ça, parce que sa vie privé en prend un coup, on abuse de sa présence, il n'a jamais l'occasion de profiter des gens sans qu'on cherche une reconnaissance personnelle... Mais, à côté de ça, cette foule, ce brouhaha lui semble nécessaire parce qu'il n'a jamais appris à vivre sans cela. Vivre avec son père, c'est vivre au rythme des tournages, du bruits, de la foule. En plus, avec tous les coups d'un soir qu'il n'a pas arrêté d'enchaîner, il n'a pas beaucoup eu l'occasion de se retrouver seul. Il ne connait pas la solitude, et c'est une sensation qu'il n'aime pas beaucoup.

Il enquille un verre, un deuxième, puis il se calme. Sa venue ici, c'est dans l'intention de s'éloigner de tous les scandales qui ont salis son nom ces derniers temps. Même si ça fait grincer des dents son père obligé de se plier en quatre pour rattraper ses conneries, il commence à en avoir marre qu'on puisse toujours être derrière son cul, à épier ses moindres faits et gestes. Il souhaite un peu de liberté.

Il était en train de prendre la direction de la porte, lorsqu'un bras se referme autour du sien. C'est une blague ? Il se tourne vers la personne en question prête à la rabrouer mais l'espoir qu'il déchiffre dans le regard de la blondinette l'empêche de faire la moindre réflexion. Elle n'a pas besoin d'ouvrir la bouche pour qu'il comprenne ce qu'il se passe, l'homme qui arrive derrière eux lui indique de manière direct ce que la jeune femme cherche à fuir. Pourquoi ? Il n'en a pas la moindre idée, mais s'il n'a pas toujours été correcte avec les femmes, il ne laissera pas celle-ci tomber, surtout qu'il ignore ce que ce type lui veut. Alors, dans une réaction tout à fait naturelle, il passe un bras autour de ses épaules, embrasse son front, comme s'il se connaissait depuis des années. « Salut ma belle, je ne savais pas que tu serais là ce soir. J'allais partir, tu m'accompagnes ? » Il n'attend pas une véritable réponse, il l'entraîne déjà au milieu de la foule pour se frayer un chemin. Il préfère éviter les ennuies, déjà parce que ça ne fait jamais bon ménage avec les projecteurs que l'on braquera immédiatement sur lui, et aussi parce que même s'il n'a pas à se plaindre, il ressemble quand même à un gringalet, et il ne pourrait pas grand chose contre un grand biscottos. Il ne s'écarte que lorsqu'ils ont rejoint un coin un peu plus tranquille où des banquettes libres semblent les appeler. « Je peux t'offrir un verre ? J'ai comme l'impression que tu as besoin de te remettre de tes émotions ? C'était qui, ce type ? » Mine de rien, il a besoin de savoir s'il ne s'agissait que d'un inconnu qui aura lâché l'affaire en la voyant s'éloigner avec un autre, ou si ce type cherche vraiment à s'attirer les faveurs de la blonde, dans quel cas il risque de débarquer ici pour chercher des noises à l'acteur.
 

Un franc sourire fend son visage lorsque la jeune femme prend le parti de le suivre. En même temps, c'était ça ou se coltiner le lourdaud qui lui colle au basque. Elle n'avait pas grand choix. Puis, d'une certaine manière c'était elle qui était venu le chercher, ça aurait été impolis de décliner sa proposition. Alors il l'entraîne dans un coin à l'écart, ayant presque l'envie d'offrir un doigt d'honneur à l'homme qui semble dépité de cette douce soirée qui lui passe sous le nez. Mais au vu des muscles du type, il se ravise de justesse. S'il lui venait l'idée de chercher la bagarre, Tom ne ferait pas le poids, et ça risquerait de très mal se terminer. Alors il se contente de tracer sa route avec la jeune femme et de se glisser sur une banquette. Il l'invite à prendre un verre, et fini par commander deux cocktails sans alcool. Depuis qu'il est ici, il préfère lui même éviter de consommer trop d'alcool. C'est souvent ce qui l'a mené à prendre des décisions idiotes, comme le soir où il s'est fait choppé par les caméras dans le lit d'une autre. Bon, c'était aussi un peu voulu, histoire de foutre en l'air la réputation de ses parents et la vie bien parfaite qu'ils lui avaient tracé. Mais s'il n'avait pas été complétement éméché, il n'aurait jamais fait les choses de cette manière. « Et donc tu as décidé de te jeter dans les bras d'un autre homme pour le fuir ? Bien qu'efficace, je dois admettre que ta solution me laisse perplexe. Comment savais-tu que je ne serais pas pire que lui ? »

Après tout, des enfoirés, y'en a pas qu'un dans cet endroit. Ca se saurait, sinon. Il ne compte plus le nombre de fois où la presse a rameuter des scandales de jeunes femmes abusées dans un lieu comme celui-ci. S'il n'a pas toujours traité les femmes de la meilleure des manières, les reléguant toujours au passé dès le lendemain, les foutant à la porte sans vergogne, il ne forcerait jamais aucune d'elle. Et cela lui semble normal. Il ne comprends pas que d'autres puissent se permettre cela. « Enchanté Alia, moi c'est Tom. Tu es venue seule ? Où est-ce que tu vas m'annoncer que tu as mis un lapin à un autre gros lourd dans le même style que le précédent ? » Il préfère essayer dans rire pour faire la conversation plutôt que dramatiser. Il s'est rendu compte que de toute manière, il était impossible de tout contrôler, et surtout pas les gens. Ses parents ont essayé de le faire avec lui durant des années, au final, c'est un échec et il refuse de leur adresser la parole aujourd'hui. Lorsque leurs cocktails arrivent, il en fait glisser un jusqu'à la jeune femme. « Tu m'en diras des nouvelles. C'est mon préféré. Et au moins, il est tranquille. Avec lui, tu ne finiras pas la tête dans le caniveau. » Il lui glisse un clin d'œil, juste pour la charrier. Il a toujours été dans ce style là, charmeur, et blagueur. Et s'il ne cherche pas à la draguer outre mesure, c'est devenu naturel pour lui.  « Bien sûr, si cela venait à arriver, tu peux compter sur moi pour te tenir les cheveux. Après une telle épreuve, on est ami pour la vie » Et pour exagéré la chose, il porte une main en l'air, l'autre sur son cœur, comme pour faire une promesse. « Quelqu'en soit le prix, tu peux compter sur moi, dans le bonheur comme le malheur, dans la faim, comme dans la richesse, dans l'ivresse comme dans la sobriété » Il conclut sa tirade d'un éclat de rire.