Let's dance ! Eiza & Anastasia

Au fond d’elle-même, Anastasia appréhendait cette soirée. Devoir se mêler à la foule d’une discothèque, voilà bien longtemps que ça ne lui était pas arrivé ! Elle ne saurait dire pourquoi ce fut la première idée qu’elle eut et qu’elle proposa à son amie, mais elle se rappelait l’époque où, bien plus jeune, elle y allait avec ses amis et il était vrai que, le temps de quelques heures, cela permettait de ne penser à rien, l’alcool aidant et la musique bourdonnant fort aux oreilles ne laissait pas la place à la réflexion. Puis, elle le faisait surtout pour Eiza, qui avait un besoin fou de se vider la tête, son cœur étant tiraillé entre deux hommes, son mari Sasha et un jeune homme du nom d’Aeden. Elle se devait d’être là pour elle, car la voir ainsi, dans un état d’errance total, ne la représentait pas, elle qui était si souriante et si sûre d’elle en temps normal. Finissant sa journée à dix-huit heures, elle eut le temps de rentrer chez elle pour se préparer pour ce soir, même si c’était un bien grand mot pour elle. Elle allait surtout juste se contenter d’une douche rapide, se lavant les cheveux au passage, un maquillage léger mais un peu plus prononcé que celui qu’elle portait quotidiennement, et elle resta longtemps devant sa penderie, qui n’était qu’aux trois quart rempli de fringues pour la plupart de couleur sombre. Il n’y avait pas de jupe, ni de robe car elle préférait cacher ses jambes même si la canicule était annoncée pour toute l’année. Après plusieurs minutes de réflexion, elle opta pour une combinaison longue, noire et élégante. Cela devrait suffire, si elle ajoutait à cela de simples escarpins vernies, de la même couleur que la combinaison. Elle entendit une voiture se garer dans l’allée et se douta qu’il s’agissait d’Eiza, cependant, elle attendit qu’elle vienne frapper à la porte, le temps qu’elle descende lui ouvrir. « Mais quelle beauté ! » Elle ne put s’empêcher de s’exclamer en apercevant son amie sur le pas de sa porte. Elle était magnifique, comme toujours. Il était évident qu’elle allait faire un peu tâche à côté d’elle, mais cela lui importait peu. Son but à elle était de profiter avec Eiza mais aussi de se préoccuper d’elle afin qu’elle ne puisse penser qu’à rien d’autre qu’à elle-même et qu’à cette soirée, même si, inévitablement, il était fort possible que le sujet de Sasha ou d’Aeden surgisse à un moment donné tellement elle en avait sur le cœur. Anastasia devait faire au mieux pour qu’elle n’ait surtout pas l’alcool triste. Elle la laissa rentrer, lui disant qu’elle était bientôt prête, et remontant rapidement à l’étage après avoir donné un verre d’eau à son amie. Ses chaussures à ses pieds, elle descendit enfin, n’ayant pour accessoires de simples boucles d’oreilles en or et un pendentif, accompagnée évidemment de son sac à main où l’essentiel de ses affaires personnelles s’y trouvait. « Cheveux attachés ou lâchés ? » Lança-t-elle à Eiza avec un regard interrogateur, sa main droite tenant ces cheveux pour lui montrer comment était sa tête lorsque ses cheveux étaient noués. Il était l’heure pour elles d’aller enfin dîner, et Anastasia passa son bras sous celui de son amie après avoir fermé sa porte d’entrée à double tour. Elle ne put s’empêcher de vérifier une seconde fois, voulant s’assurer que tout était bon. Elle qui ne voulait pas montrer sa nervosité, c’était raté.

La voiture vint se garer non loin de la discothèque. Heureusement qu’elles avaient dîné avant, car ça avait permis à Anastasia d’appréhender de façon plus sereine leur seconde partie de soirée. Le dîner avait été délicieux, et elles avaient accompagnés leur plat d’un bon vin rouge, histoire de bien commencer la soirée. Elles avaient pu discuter de tout et de rien, et Anastasia avait bien vu le regard voilé qu’avait eu son amie un court instant. Elle lui avait alors saisit la main du bout des doigts, lui murmurant du bout des lèvres qu’elle n’était pas seule. Il faut dire qu’elle n’avait jamais su avoir les mots justes pour réconforter quelqu’un, préférant souvent les gestes aux paroles inutiles. Elle lui avait ensuite resservi un verre de vin, parlant alors de la France qu’elle n’avait jamais eu la chance de visiter mais que si elle y allait un jour, elle irait avec une valise vide en plus histoire de pouvoir ramener une valise pleine de vin à son retour. Il était bien beau de rêver. Ca n’empêchait cependant pas à sa nervosité de revenir comme une fleur alors qu’elles sortaient de la voiture, se dirigeant l’une à côté de l’autre vers les néons désignant l’entrée de la boîte de nuit. Il n’était pas encore minuit, la fête ne battait pas encore à son plein mais il y avait déjà foule devant la boîte, qui attendait plus ou moins patiemment de rentrer. Anastasia se rappela qu’il s’agissait d’une boîte sélect, et elle croisa les doigts pour que sa tenue pas vraiment exceptionnelle soit considérée comme passable auprès des videurs ou des gérants. « On va devoir patienter longtemps tu penses ? » Comme l’avait prédit Eiza, elles étaient effectivement entourés de jeunes, la plupart devant avoir la vingtaine, rare étant ceux qui paraissait avoir trente ans et plus. Il n’y avait plus qu’à espérer que la musique ne soit pas que des récentes. En tout cas, celle-ci s’entendait de l’extérieur et Anastasia ne put s’empêcher de bouger la tête sur le rythme de celle-ci, le vin rouge l’ayant rendu légèrement ivre pour ce début de la nuit.

Let's dance ! Eiza & Anastasia

Accueillant son amie pour un court instant, l’invitant à rentrer chez elle, elle ne put s’empêcher de la complimenter, ce que Eiza fit également en retour. Cette femme avait une de ces classes, qu’Anastasia était sûre que même vêtue d’un sac en poubelle plastique, elle arriverait malgré tout à rester tout aussi sublime. « Lâchés. » Lui confirma Eiza. Elle fit alors retomber ses cheveux en cascade sur ses épaules, petit sourire aux lèvres et passant une main rapide dans sa chevelure pour les mettre en place. Elle préférait également, ne s’attachant les cheveux généralement que pour le travail afin d’éviter de les avoir devant les yeux, ceux-ci retombant souvent dessus. Elles partirent ensuite au restaurant, heureuses de passer un peu de temps ensemble, entre filles. Cela faisait bien longtemps qu’Anastasia n’avait pas fait ce genre de choses, pourtant basiques pour la plupart des personnes, mais elle s’était tellement refermée sur elle-même que le goût de la vie et des plaisirs simples lui étaient revenus que petit à petit, malgré le fait qu’elle ait encore du chemin à faire. Elle ressentait en elle une appréhension qui n’avait pas lieu d’être mais c’était plus fort qu’elle, même si elle pensait qu’au restaurant cela se passerait bien, c’était la suite de la soirée qui la tiraillait. C’était sans doute pour cela que le vin qu’elles avaient commandés à table était descendu assez rapidement, Eiza n’ayant bu qu’un peu car elles devaient ensuite les conduire en voiture à la discothèque, et Anastasia ayant bu le reste pour qu’elle soit un peu plus détendue.

Finalement, la file d’attente devant elles se résorba assez rapidement et elles n’eurent pas à attendre longtemps avant de pénétrer dans la boîte de nuit. La musique, bien plus forte à ce à quoi elle pouvait s’attendre, martelait dans ses oreilles alors qu’elle parcourait des yeux l’intérieur du lieu. C’était immense, et malgré le monde qui s’y trouvait déjà, les groupes de personnes étaient plus ou moins espacés, même sur la piste de danse qui avait sa place centrale avec le box du DJ. Ce simple fait la rassura, car même si il y aurait de plus en plus de monde au fur et à mesure que les heures passeraient, elles ne se retrouveront pas collées – serrées avec des inconnus. Eiza se pencha alors vers elle, lui glissant à l’oreille à cause de la sonorité puissante. « Tu veux un verre ou on va direct sur la piste de danse ? » L’ancienne peintre lui répondit de la même façon, haussant un peu le ton pour que son amie l’entende en retour. « Un verre est le bienvenu. » Même si elle était déjà légèrement ivre, il lui fallait un alcool bien plus fort que le vin pour qu’elle daigne se déhancher sur la piste. Heureusement qu’Eiza était là, car elle aurait fait rapidement demi-tour si elle était venue seule ou avec ses collègues. Mais en sa présence, Anastasia se sentait en confiance et si un quelconque problème devait arriver, elles resteraient ensemble. Toutes deux se dirigèrent alors vers le bar, qui était légèrement surélevé par rapport à la piste, et elle laissa Eiza commander ce qu’elle souhaitait avant qu’elle demande à son tour avec un simple mojito. Elle paya comme promis cette première tournée, et leva son verre en direction de son amie, se demandant un instant à quoi elles pouvaient bien trinquer. « A nous, et surtout à toi ma belle. » Elle lui adressa un sourire avant de rire. Elle venait presque de lui hurler dessus, involontairement bien sûr car sinon elle ne l’aurait pas entendu, mais cela lui rappelait sa jeunesse, quand elle était encore sous sa vraie identité, celle de Judith. Son regard parcouru à nouveau l’ensemble de la salle tout en buvant doucement son verre cette fois-ci. La tranche d’âge de la clientèle était certes inférieure à leur âge, mais avec le jeu des lumières, Anastasia était prête à parier que les autres ne remarqueraient pas qu’elles étaient plus âgées. Puis, dans ce genre d’endroit, les gens paraissaient toujours plus jeunes et plus beaux qu’ils en avaient l’air. Nombre de fois où ses amies à l’époque lui racontait avoir ramener un garçon chez elles, et qu’au réveil, le dieu grec qu’elles semblaient avoir vu au cours de la soirée se révélait être tout bonnement quelqu’un de banal, si ce n’était pire. Elle remarqua d’un groupe de trois hommes les reluquaient un peu plus loin, et elle détourna rapidement le regard vers Eiza, espérant qu’ils ne viennent pas vers elles. C’était une soirée entre filles après tout, non ? Ses doigts se mirent à pianoter sur le bar au rythme de la musique, comme s’ils approuvaient le son qui passait à ce moment-là. « S’ils continuent à passer ce genre de musique, ça risque d’être une très bonne soirée. »

Let's dance ! Eiza & Anastasia

Une fois leur verres en main, les deux femmes trinquèrent, d’abord à Eiza, mais celle-ci la corrigea aussitôt avec un sourire. « A nous dans ce cas, plutôt ! » Ignorant la paille dans son verre, Anastasia but rapidement une bonne gorgée de son cocktail, les lèvres posées sur le rebord du verre. Elles restèrent alors ainsi un moment, près du comptoir du bar, silencieuses alors que la musique continuait dans son rythme sourd et affolant, faisant danser et sauter les gens qui se trouvaient alors sur la piste. Alors que son regard faisait encore son inquisiteur en parcourant une énième fois la salle et les personnes se trouvant à l’intérieur, elle sentit la main d’Eiza saisir d’un coup la sienne, la faisant presque sursauter au passage. « Moi je dis, on va commencer cette belle soirée alors. » Anastasia limita donc, terminant son verre rapidement avant d’être emmener par son amie au milieu de la foule. Foule qui grossissait à vue d’œil par ailleurs, il était vrai que l’on était le week-end, et ces soirées-là devaient être éprouvantes pour ceux qui travaillaient au Diamant. « Allons-y de ce pas alors ! » Un léger rire s’échappa d’entre ses lèvres dû à l’ivresse qui lui montait agréablement à la tête, et non plus pour cacher sa réticence. Elle se laissa alors emporter par Eiza, qui avait l’air également requinqué par son verre, jusqu’au milieu de la piste de danse. Alors que son amie commençait à bouger son corps au rythme de la musique, Anastasia resta un instant immobile, presque penaude, l’enthousiasme qu’elle avait eu quelques secondes plus tôt laissant place au ridicule qu’elle sentait s’abattre sur elle. « Allez détends-toi ma belle ! » Ses mains dans celles de son amie, la faisant danser avec elle, Anastasia lui adressa un petit sourire avant de se mettre enfin dans l’ambiance, sa concentration étant fixée sur Eiza et sur les notes de musique qui étaient diffusé dans l’enceinte de la boîte de nuit. Son corps était détendu, son esprit le devenait également petit à petit, se revoyant à l’époque où elle était plus jeune et qu’elle s’en fichait du regard des autres. Ses mains se délièrent doucement de celles d’Eiza au fil de leur danse mais elles restèrent face à face. « Je crois qu’il est sous le charme. » Inévitablement, elle jeta un regard derrière elle et eut un petit rictus, levant les yeux au ciel. « Tant qu’il ne vient pas près de nous.. ! » Mais elle parla trop vite, sentant soudainement une présence derrière elle et le contact d’une main inconnue essayant de toucher ses doigts. Anastasia eut immédiatement une réaction un peu brusque, prenant la main d’Eiza dans la sienne tout en la levant pour faire tourner son amie sur elle-même et en profitant pour aller du côté opposé. Elle jeta un regard noir à l’homme qui était apparemment déjà en sueur, et histoire que son amie ne soit pas dérangé par cet énergumène qui continuait de les fixer du regard, elle recula de quelques pas, la main d’Eiza toujours dans la sienne pour l’emmener avec elle, jusqu’à ce que des gens se placent entres elles et l’homme. « On est mieux ici finalement. » Elle se rappela qu’à l’époque, sa technique avec ses copines pour éviter les types de ce genre étaient qu’elles se fassent passer pour des couples. Au final, cela ne fonctionnait pas tant que ça mais ça avait le mérite de les faire rire. Anastasia s’arrêta de danser, proposant à son amie si elle voulait l’accompagner aux toilettes, et elles y allèrent ensemble, afin de ne pas avoir à se chercher partout ensuite. Si Eiza n’avait pas d’envie pressante, elle resterait devant tandis qu’Ana irait dans la file qui n’était pas trop longue pour le moment. Elle regretta presque de ne pas y être aller avant quand elles étaient partis du restaurant, car les toilettes dans ce genre de lieu n’étaient pas réputés pour être propre. Il lui fallu malgré tout dix minutes pour y accéder enfin, et quand elle en sortit, elle n’aperçut pas Eiza, se demandant si elle y était allée aussi finalement sans qu'elle ne l'aperçoive, ou si elle était allée au bar. Mais ne voyant pas la belle brune dans le coin où elle se trouvait, elle se dirigea vers le bar, l’envie d’un autre verre effleurant son esprit.