Un cabinet d'avocat que je livrais souvent , deux à trois fois la semaine, et surtout lors d'évènement un peu plus festif. Maître Blake avait confiance en moi. Et je ne pouvais que le remercier de m'avoir recommander au palais de justice. C'était ma première livraison pour eux et mon camion était bien arrivé à destination. Viennoiseries, petites bouchées sucrées, mais aussi salés, avec quelques clubs sanwichs. Visiblement gros procès ou réunion qui allait durer, je n'avais pas idée de la cause de cette commande mais en tout cas tout était là. Le dernier paquet déposé, je serrais la main de l'intendant des lieux. "Merci de votre confiance." "Merci à vous, j'espère que vous avez mis des cartes car vu l'odeur ils vont se régaler." Un petit rire et j'hoche doucement la tête avant de quitter les lieux.

Sur le parking, sur la place livraison, la tête me tourne. Je me sens pas très bien d'un coup. Mon corps vacille, je dois me poser. Je prends un instant pour m'asseoir à l'arrière de mon camion, sur le bord, les pieds à l'extérieur, respirant un grand coup. Plusieurs jours que j'avais des mini malaise, que j'étais patraque. Un rendez vous médical et j'avais fais une prise de sang ce matin, contrôle de routine, mais truc improbable, mon médecin m'avait parler de grossesse. C'était comique car je n'avais pas de rapport, enfin pas depuis un moment.. Deux, trois mois... Mais mes règles étant toujours irrégulières, et ce n'était pas nouveau, il avait préféré contrôler tout ça. J'attendais les résultats d'un instant à l'autre.

@Ezra Jenkins

Malgré mon teint pâle et cette tête qui tourne, la nausée qui arrive, je n’arrive pas à cacher ce sourire qui se dessine lorsque j’entends sa voix. Je sais exactement de qui il s’agit sans même lever les yeux vers lui. Ezra. Ezra Jenkins, mon voisin… Aussi l’homme avec qui il y avait eu un peu plus, un peu trop… Il était marié, et ce n’était qu’une erreur… Un écart. Mais surtout une chose dont nous ne devions plus reparler. J’étais ok avec cette idée, car être vu comme la traînée qui l’a poussé dans ses draps, alors qu’on était loin du compte, ce n’était pas mon délire, et je ne voulais pas être ce genre de femme. Il ne me laissait pas indifférente, je ne pouvais pas nier son charme fou et cette simplicité qui émanait de lui. Mais il était à une autre.

« Monsieur l’agent, j’ai une preuve, je venais juste livrer des pâtisserie au tribunal. Mais si vraiment vous voulez me mettre une amande, … On peut négocier? » Je lève la tête pour croiser son regard, en lui montre un paquet avec six muffins dedans.  « C’est pas mal non comme monnaie d’échange.. » Ses iris si envoutantes, inquiètes.. Je ne veux pas qu’il soit dans cet état. Pas pour moi. Et cette proximité… C’était peut-être un peu tôt. Ne disant rien je préfère lui répondre. « Ça va… Juste un petit étourdissement, ça fait plusieurs jours que ça m’arrive, j’ai dû faire un bilan, j’attends juste les résultats.  Rien d’inquiétant Ezra, tout va bien. » L’envie de poser ma main sur sa joue, je le rassurer… Je devais réfréner tout ça.. « Et toi alors? Seul? » Etonnant , il était en uniforme.  

@Ezra Jenkins

De la corruption. Je ris doucement à sa remarque. Il n’avait pas tord, ou alors juste que j’étais en règle et que j’étais une amie qui voulait lui offrir un muffin. En plus ça faisait longtemps que je ne l’avais pas vu. Nous nous évitions peut-être au final… Un peu… Après ce qui c’était passé, ce n’était pas si étonnant que ça. Je me souviens encore de son air triste, blessé, et mon coeur qui c’était serré. Mais ce n’était pas ça qui m’avait fait craquer. Son corps contre le mien, alors que je le serrais dans mes bras pour ne plus qu’il soit mal. Cette chaleur, qui avait envahie mon être et … Ce regard, cette puissance qui avait abattu les barrières de l’amitié si facilement… Si subitement… Ses mains sur ses genoux me rappellent ses lèvres, sa peau.. Je ne peux pas penser à ça , je n’ai pas le droit, c’est interdit !

« Sûrement, j’attends un sms du laboratoire. » J’évitais le sujet compliqué de cette prise de sang, ce contrôle pour savoir si c’était pas une grossesse… Car si c’était le cas.. Il était sûrement le père… Mais c’était impossible, ce n’était pas ça, mon médecin voulait juste être ok sur tout. Ses mains se retirent et ce froid en moi s'engouffre. Il semble lointain, pense-t-il lui aussi à cette nuit là? Comment le vit-il de son côté, auprès de sa femme ? Je me penche un peu pour voir la voiture de police et fais un signe de la main à l’officiel à l’intérieur. « Ezra, je suis pas en mousse tu sais, je suis pas fragile, je pense que … » Mon téléphone vibre dans ma poche et je regarde. « Tu vois, déjà les résultats. » J’ouvre sans attendre, je pourrais le rassurer en lui disant que ce n’est qu’une petite anémie, ou juste de la fatigue… Mais je reste bloqué sur le dernier champ des analyses… Taux de hCG… Positif… Non…

Ça ira, oui, je ne doutais pas vraiment que cela soit passager, et surtout dû à la fatigue... Enfin je ne doutais pas jusqu'à ce que je reçoive ses résultats. Je penche un peu la tête en lui faisant signe qu'il avait raison. C'était son job, de faire attention aux citoyens et il n'avait pas tord, j'aurais pu renverser un piéton en faisant un malaise au volant... Alors je réfléchirais à comment rentrer. Encore plus après avoir vu ce "positif" s'afficher sur mon portable.

Positif... Enceinte? Non... Je regarde le tableau avec les taux et les semaines.. 10 semaines environ... Début de l'année, le calcul est vite fait... Je reviens poser mon regard dans celui d'Ezra quand il me demande si ça va. Je me sens tellement mal. J'étais au courant de son désir d'enfant avec sa femme, j'étais une erreur, cette nuit n'était qu'un évènement à effacer. C'était un mauvais rêve et j'allais me réveiller. Je secoue un peu la tête. "Non.. Pas vraiment." Tremblant légèrement je tends mon téléphone vers lui, sur l'écran on peut y voir le résultat... Et il n'est pas bête, il saura faire le calcul. "Je .. Je suis désolé... Ezra, je te jure je suis désolé..." Murmurais-je honteuse.

Non ça n’allait pas. Ce n’était pas possible , qu’une seule nuit, une simple nuit qui n’était même pas voulu, qui était une erreur… Une nuit de passion, un coup de tête… Juste un moment pour décharger sa peine, sa colère… Révélant peut-être un peu l’envie qui se cachait sous tout ça, un sentiment que j'avais tenté d'enfouir mais qui avait ressurgit sans que je ne m'y attende… Mais c’était une seule nuit. Qu’on devait oublier en prime.
Alors comment c’était possible. Lui qui essayait d’avoir un enfant avec sa femme, nous avions déjà discuté de tout ça. Et je savais le combat qu’ils menaient, je n’avais pas … Envie de briser leur rêve, de détruire ma vie en étant celle qui a fait d’Ezra un homme infidèle, la maîtresse, celle qui reste dans l’ombre…

Mon téléphone vers lui, je lui laisse le temps de regarder… Et il voit enfin cette ligne, qui elle n’est pas du tout normal… J’hoche la tête doucement. Commençant par m’excuser, je ne peux pas y croire, c’est impossible… Il comprend, et moi je regarde mes pieds, comment j’ai pu faire ça… Je me sens si mal pour le coup. Oui un jour je voulais être maman avec un homme que j’aime, qui n’a que moi, et qui… M’aime en retour, pas juste une nuit… Et puis cette nouvelle serait un moment heureux, pas comme là. « Je.. Ça doit être une erreur, c’est impossible.. Je te jure Ezra , je prends la pilule, je te l’aurais dit si je n’avais pas été certaine. » Le regard paniqué, je reviens poser mes iris dans les siennes. Voilà une des conclusions qu’il pourrait venir à avoir, la nana qui lui fait un petit dans le dos. Un moyen de l’avoir pour moi. Alors que pas du tout, je n’aurais jamais été capable de ça. Il ne devait pas penser ça.

« On... Il est… enfin c’est .. Le nôtre.. » Et je ne pourrais pas prendre de décision seule. Enfin je crois… « Tu.. crois qu’on pourrait en parler ailleurs? » Pas ici, entre les portes de mon camion, pas alors qu’il est en service, pas sur un bout de trottoir mais devant un café ou je ne sais quoi. « Peut-être que je devrais vérifier encore, pour… Enfin je ne veux pas détruire ta vie Ezra… »  

@Ezra Jenkins

La nouvelle venait de tomber. Mes malaises n'étaient pas pour rien. J'étais.... Enceinte. Le mot était si irréel alors que tout allait bien trop vite. Et le pire ... Je n'étais même pas en couple avec Ezra. Non en fait le pire était qu'il avait quelqu'un..  Qu'est ce qu'il dirait à sa femme ? Ce truc qui grandissait en moi... Depuis déjà plusieurs semaines. Qui était le fruit d'une nuit d'égarement... Le nôtre...  

"Je sais pas...j'ai le temps je pense. Ce soir ça ira." Je m'excuse encore. J'ai besoin qu'il sache que c'était pas volontaire que jamais je n'aurais fait ça. Certes je ne pouvais nier qu'il me plaisait. Il aurait plu a n'importe quelle femme c'est un très bel homme. Intéressant. Intelligent... Mais il était pris... Il est pris et j'aurais jamais fait ce genre de chose. Je n'étais pas une voleuse d'hommes.
Ce n'était peut être qu'une erreur. Pourquoi tenter de se rassurer ? Les résultats étaient là. Mais je voulais pas détruire la vie de cet homme. De mon ami . De cet amant d'une nuit qu'on devait oublier..

Je jète un oeil à l'agent de police dans la voiture qui vient de klaxonner. "Je... Je sais pas il pourrait tout ... Enfin en parler à... Enfin tu vois ?" Avoir confiance n'était pas si simple. Je ne voulais pas que ça s'ébruite.. Mon regard dans le sien je m'y accrochais pour ne pas partir en courant. Fuir la vérité. "Oui.. oui je suppose que ce serait le plus adapté. Je..te rejoins là bas ?" J éteins le portable après un dernier coup d'œil à l'écran. Dix semaines...  C'est impossible.... Je n'ai rien vu. Ma main se porte doucement à mon ventre. Silencieuse tentant de comprendre.

Il était là devant moi, nous étions un peu dans le même état d’esprit, mais en plus j’avais la culpabilité, cette sensation que notre nuit, qui n’était qu’un moment d’égarement, de soulagement, un petit moment qui avait permis à Ezra de relâcher la pression et moi… M’avait permis de découvrir son corps, cet homme qui me plaisait mais était interdit… Cette sensation que tout s’écroulait, que j’allais tout gâché, entre nous… C’était déjà cuit, mais entre lui et Lucy… Je ne voulais pas être la cause de tout ça. Un signe de la main, une promesse de tout envoyer par sms, et ce soir nous aurions le vrai résultat. Ce positif serait vérifié et … Nous allions le savoir ensemble. Il ne me laisserait pas.

Tout l’après midi, j’avais attendu ce sms. Snow sur mes talons à s’inquiéter je le sentais. Et je n’avais pas tellement parler à Parker ou aux autres. J’avais même eu envie de tout lâcher pour monter à l’appart. Mais je devais tenir bon. Tout les scénarios possibles et inimaginables tournaient dans ma tête. Qu’il ne vienne pas, qu’elle vienne elle aussi, qu’il lui ait dit, qu’il ne veuille plus jamais me parler… J’avais tellement peur..
Mais GPS activé le chauffeur de taxi tentait de trouver sa route, j’arrivais près du lieu.. Soufflant un grand coup le chauffeur me demanda si ça allait. Oui.. Bientôt ça irait encore mieux.. Ou pas.

Je passais la porte, personne… Le cabinet était fermé. Ezra était là. Un sourire sur mes lèvres tentant de caché la nervosité. « Le chauffeur n’a pas eu trop de mal.. » J’hoche la tête et le regarde. « Tu.. veux être là? Je veux bien que tu viennes. » Je ne voulais pas le forcer. Et si c’était vrai, ce bébé était à lui aussi. « Mademoiselle, c’est votre tour… » Je me tourne vers la gynécologue et instinctivement j’attrape la main d’Ezra la serrant doucement. Ne me lâche pas…

Nerveuse, à l’idée que ce soit vrai, que tout ça soit réel, que je sois enceinte. J’avais passé mon après midi à me poser des questions, Snow sur mes talons, il avait senti quelques choses, et puis… Au final j’avais repensé à ses dernières semaines, il était plus collant, plus attentif.. Non impossible, je me faisais des idées. C’était pas possible. Je prenais ma pilule et … Pas en une fois hein? Alors qu’il essayait depuis des années d’avoir un enfant avec Lucy…

Dans cette salle d’attente trop vide, c’était une autre ambiance, un poids sur nos épaules qu’on tentait d’éliminer en souriant, en riant un peu, mais toujours tendus. Ezra ne perds pas son sourire il veut être là. Je vois sa main s’approcher de ma cuisse, mouvement réflexe, rien d’autre n’est-ce pas ? Mais je reporte rapidement mon attention vers le médecin qui vient d’arriver. Je croche la main d’Ezra. Ne me lâche pas. Ne me laisse pas… Et son « Ensemble » me tire un petit soupir, il sera à mes côtés. Dans le bureau, je n’ai toujours pas quitter la main d’Ez. Elle me rassure, me réchauffe alors qu’un froid s’empare de moi. « D’accord… » Je ne demande pas ce qu’il a pu dire, je ne veux pas savoir, je ne suis qu’une amie qui ne veut pas garder ce bébé… Un bébé… Non il n’y a rien c’est un faux positif je dois juste m’en assurer.

Je monte sur la table d’examen après avoir baisser mon pantalon.. Mon regard se reporte sur Ezra. Il se tend. Il a déjà du passer par ici pour son couple… Son couple… Mon dieu, pourvu que je ne détruise rien… Ses mains dans les miennes.. Je tente de m’accrocher à son regard, à croire ce qu’il dit. Qu’il sera là.. Mais il y a Lucy, et je ne veux pas les séparer. Elle ne mérite pas ça... Ni lui. La gynéco entre et il lâche mes mains subitement.. Non, pas encore… Mais je ne dis rien, regardant la spécialise qui revient. « Je vais mettre du gel ce sera un peu froid… Vous voulez voir l’écran ou attendre que je commence. » Je secoue la tête. Non. Je ne veux pas voir. Pas si c’est une mauvaise nouvelle… Mais quelle serait la nouvelle que je considérerais comme mauvaise ?

Je ferme les yeux voulant la laisser faire son examen en arrêtant le temps. Les larmes coulent sur mes joues en silence. « Vous êtes bien enceinte. Au vu de l’évolution, je dirais de dix semaines… Ça correspond à deux mois et demi. Bientôt la fin du premier trimestre. Il n’est pas trop tard pour prendre une décision, rassurez vous. » Je suis enceinte, ce n'est pas un faux positif, c'est... Vrai. Réel. Dans mon ventre ce bébé grandit, notre bébé. J’ouvre les yeux et regarde Ezra paniqué. Prendre une décision… Avorter? Non.. Non.. Il était à moi… Ce bébé… « Est ce que vous voulez voir? Entendre le coeur? Je ne vous force en rien évidemment. »

Le gel froid qu'elle étale sur mon ventre me fait frissonner, mais sa main qui se pose sur la mienne me réchauffe. Il est là. Malgré ce que je lui fais subir. Cette salle, cet endroit où il avait dû vivre avec Lucy des moments horribles, et là... Cette possible grossesse. J'aurais dû vérifier, faire attention aux petits détails, lui dire... Et nous n'aurions pas dû coucher ensemble... Même si cette pulsion révélait quelque chose non? Une attirance... Un désir non avoué, interdit.

Sa tête contre la mienne, son parfum que je sens un peu plus, mes larmes qui coulent en silence et les mots de la sage femme. Sa tête me quitte et je le sais , il est surpris, il n'y croit pas.. Enceinte, c'est positif, un vrai positif... Et il y a un bébé... Je n'ouvre pas les yeux, je ne veux pas y croire, je veux me réveiller et ne plus être là, ne pas détruire sa vie, et la mienne... Le coeur, j'ouvre les yeux et regarde Ezra avec un regard rempli de panique. Comment pouvais-je faire ça à cet homme qui voulait tant un enfant... Oui mais avec sa femme, pas avec une sombre idiote qui n'avait pas le droit de leur faire ça...

Et lorsqu'il prononce ses mots je le sais, il n'a jamais vécu ça avec elle. Il n'a jamais entendu le coeur d'un enfant qu'il désire tant. La discussion avance entre lui et la gynécologue et moi... Je suis ailleurs, je me demande comment je vais faire, qu'est ce que je vais faire... Pourquoi moi? Mon regard est fixé sur le plafond, les larmes ne se sont pas arrêter... Je tourne légèrement ma tête vers Ezra et l'hoche doucement. "Oui..." Je murmure la voix tremblante, mais je ferme les yeux lorsqu'elle tourne le moniteur, je tente d'éloigner ce son quand elle démarre la sonde pour les battements du coeur et que ce petit bruit résonne alors dans la pièce silencieuse... Je ferme fort les yeux... Je ne peux pas... Pas maintenant... Mais je ne suis pas seule et lui à le droit de voir, de savoir, d'entendre, c'est aussi son enfant, celui de cette nuit d'interdit.

Je me persuadais qu'il n'y avait rien, je ne voulais pas être celui qui trompe sa femme, celui qui lui fait un enfant dans le dos, pourtant c'était ce que j'avais fais. Je me détestais pour ça. Mais bizarrement, quand elle m'a demandé de le voir, de voir ce bébé, j'étais heureux. Je me forçais de cacher mon sourire. Ce n'était pas une situation saine, mais de tout ça il y avait un bébé. Mon bébé. J'ai tellement essayé fort avec Lucy, tellement… Même si les médecins m'ont dit que le problème ne venait pas de moi, je le pensais. Je me disais que Lucy avait peut-être un soucis, mais que sans doute moi aussi. Mais là, Artémis était enceinte de moi, il y avait un bébé en elle, le mien. J'étais heureux de savoir que je pouvais concevoir. Puis quand elle m'a dit qu'il était vivant. J'ai presque oublié le nombre de fois ou en allant ç un rendez-vous on nous annonçait le pire. Dans le meilleur des cas c'était un œuf clair. Dans le pire, le cœur bébé s'était arrêté ou n'avait jamais battu. La première fois, les amis, la famille sont là, mais avec les années, les fausses couches à répétition, ils ne sont plus autant impliqué. Pour eux, ça devient normal au bout de la quatrième ou cinquième fois, puis "ce n'est pas encore un vrai bébé". Des mots qui font mal à entendre, car l'amour est déjà là il est présent. Bon sang, je sens tout cet amour me submergé, alors que je ne devrais pas. J'accepte de le voir, mais reviens sur mon affirmation pour demander l'accord à Artémis. « Oui... » Je l'entends à sa voix, que ça lui arrache presque la gorge de parler. Mais, je dois avouer qu'à ce moment précis, rien ne compte. Je me sens pas le mari infidèle, ni même mari, je me sens moi. Je regarde le moniteur et je vois ce petit être bouger et j'entends le cœur, son cœur. Un léger sourire se pose au coin de mes lèvres, tandis que mes yeux deviennent larmoyant. Je rapproche ma tête un peu près de l'écran, serrant la main d'Emi un peu plus fort. « Coucou toi. » murmurais-je doucement. Mon regard se pose sur elle, elle ne regarde pas, elle a les yeux fermés. Je fais un signe à la gynéco que c'est bon et elle coupe le son. Elle imprime quelques clichés. « Je vous laisse vous essuyer et on passe de l'autre côté pour discuter de ce que vous voulez faire, des propositions qu'il s'offre à vous. A moins, que s'en ai trop pour aujourd'hui et que vous souhaitez entrer ? On peut se voir d'ici quelques jours pour remettre tout ça au claire. Qu'en pensez-vous ? » Je regarde les clichés, espérant les avoir, mais je ne peux pas. Je ne peux pas m'attacher si elle ne veut pas le garder.. Je regarde Artémis. « On fait ce que tu veux. On peut discuter ensemble d'abord ou voir ça maintenant... » Je lui souris, n'ayant toujours pas lâché la main depuis le début de l'examen.

Les yeux clos, je ne pouvais me résoudre à regarder ce petit être, tout en ignorant encore ce que je ferais. Le garder, le laisser partir pour ne pas avoir l’impression d’être celle qui aura détruit un couple.. Je ne savais pas, et je ne voulais pas m’attacher à ce petit coeur qui battait. Mes larmes n’étaient rien comparé au sillon qui se creusait dans mon coeur… Ce battement qui se synchronisait au mien, qui envahissait mon être et me faisait frissonner alors que la main d’Ezra serre la mienne. Un peu comme mon palpitant qui me torture se divisant en deux, emplissant une partie pleine d’amour pour ce bébé déjà, alors qu’il est si petit… Et une pour… Non c’est impossible.

Lorsque les battement s’arrêtent j’ouvre les yeux un peu vite, mais je me demande s’il y a un soucis, silencieusement, je regarde et visiblement ni elle ni Ezra ne semble paniqué.. Tout va bien non.. Je fixe la gynécologue sans lâcher la main d’Ezra. En parler, déjà? J’étais prête à décider? « Je… » Ezra me parle, ses yeux si brillant, si puissant, ceux qui avait boulversé mon coeur dès le début, qui m’avait rendu accro à ce regard sans y avoir le droit. Je regarde nos mains et lâche la sienne pour essuyer mon ventre avec précaution. « Je.. Je dois y aller.. » Je commence à me lever, à remettre mon pantalon correctement, j’ignore le médecin qui me demande si je veux un autre rendez vous. Sous le choc je n’entends plus rien, la seule chose qui presse c’est de partir, loin. Tout de suite. Je prends mon sac et quitte précipitamment la salle. La clinique et me retrouve dehors. J’avais besoin d’air, je respire à fond et essuie mes larmes. Arrêtant le premier taxi qui vient je ne veux pas croiser son regard, je ne veux pas entendre qu’il me soutiendra car je le sais… Cet enfant il le veut, … Mais pas avec moi… Et c’est trop dur pour le moment à accepter…