Il faisait super beau aujourd’hui j’ai mis ma casquette fétiche sur ma tête, les longues boucles rousses descendent en cascade dans mon dos avec un débardeur super confortable j’ai hâte d’aller me balader sur la promenade qui est habituellement bondé pendant la période estivale, mais le temps est tellement agréable que j’ai mis ma crème solaire et je me languis de voir ma peau changer. Ces derniers jours je suis plutôt joyeuse allez savoir pourquoi, les gens ici ont fait de ma présence quelque chose qui fait partie du quotidien, les fans ne viennent plus trop me demander d’autographe ça arrive rarement et dieu merci, parce que depuis les scandales médiatiques et les requins de paparazzis j’en ai développé une phobie des fans malfaisant et hors de contrôle qui lâche des choses immondes sur moi.

Je chasse ces idées noires et entame ma promenade qui longe le petit port de Brindleton Bay, c’est si agréable il y a quelques marchands de glace aux alentours, je vois des enfants en profiter, je devrais faire pareil.
Dans ma démarche vers un marchand de glace, j’entends un regroupement que je reconnaîtrais entre mille, des fans hystériques, mon palpitant se met à accélérer en espérant qu’ils ne viennent pas pour moi. Je souffle discrètement quand j’entends l’attroupement de fan piailler au même endroit. La curiosité est un vilain défaut Anthéa, pourtant je me surprends à tendre l’oreille pour essayer d’entendre et de deviner, de qui il peut bien s’agir, n’entendant rien je continue de m’approcher de la masse de jeunes filles, chose que je regrette immédiatement lorsque que l’on crie dans ma direction

- C’est Lucy regardez !

Je déglutis et tente de m’échapper, mais la main de la jeune fille me retient contre mon gré, j’essaye de m’extirper gentiment en faisant mine qu’elle s’est trompé de personne qu’elle doit me confondre, je voulais manger ma glace à la vanille sans être déranger par une gamine de huit ans, mais je ne peux pas lui dire, la faire pleurer serait la pire chose. J’essaye de me calmer, regardant un peu partout cherchant un point d’ancrage comme on m’a dit de faire, lorsque j’entends un voix masculine familière s’incruster à mes côtés. Mon visage dans sa direction, les yeux rivés sur lui.

- Eh merde.
 

Son regard rencontre celui de la rousse, et l’éclat d’espoir qui brille dans ses yeux le percute comme un boomerang. Ce genre de détail infime, il n’a pas oublié. Il n’a rien oublié de ce qui concerne la jeune femme et leurs passés communs. Il s’est comporté comme un enfoiré avec elle, mais cette femme, il l’aurait chéri toute sa vie s’il s’était montré moins lâche, moins peureux. Et il se rend compte qu’elle n’a pas oublié, elle non plus, n’est pas passé à autre chose. Il a vraiment, vraiment merdé dans cette histoire… Vraiment. Mais pour sa défense, il n’avait jamais eu d’exemple sur lequel se basait. La relation de ses parents avait toujours été tronquée, fausse. Il n'avait jamais vu d’amour entre eux, jamais vu d’amour véritable. La vérité c’est que son seul exemple, c’est tous ces films qu’il a eu l’occasion de voir et revoir. Et ce qu’il en avait retenu, c’est qu’il valait parfois mieux ne pas aimer, qu’aimer mal. Son but avait toujours été de protéger Anthéa, et peut-être l’avait-il mal fait, mais il avait craint de faire encore pire en étant avec elle, en lui offrant son amour. Mais, à voir l’espoir qui réside dans son regard, il doute réellement. Parce que malgré tout, malgré ses erreurs plus qu’honteuses, impardonnable… Elle est encore là, à espérer un signe de lui. « Bien sûr, je suis parti, je ne t’ai pas oublié pour autant... » Et en même temps, avec cette simple question, elle lui fait prendre conscience à quel point il s’est comporté comme un véritable con avec elle. Il s’est tiré sans un mot pour elle, sans lui présenter ses excuses, sans lui donner une seule chance de lui expliquer pourquoi il s’était comporté de cette manière, pourquoi il l’avait trahi de la sorte ou pourquoi il ne pouvait pas continuer.

Et d’un coup, alors qu’il ne sait plus de quelle manière se comporter, qu’il ne sait plus quoi dire pour arranger son cas, elle lui donne cet espoir : il est son meilleur ami. Envers et contre tout, il semble toujours avoir cette place dans son cœur. Une vérité qui ne lui convient pourtant qu’à moitié, qui fait remonter en lui des tonnes de regrets, de chose qu’il n’a jamais su lui dire. « Je ne suis pas sûr d’encore mériter cette place vu la façon dont je t’ai traité... » Il aimerait pouvoir dire que ce n’est pas sa faute, sauter sur l’occasion que lui offre la rousse, mais il ne peut pas lui laisser tout effacer comme ça, d’un claquement de doigt, se serait trop facile. Elle ne mérite pas qu’il puisse reprendre cette place comme ça, aussi simplement.

« Est-ce que tu me laisserais t’amener dîner ? Tu sais, histoire de me faire pardonner, en mémoire du bon vieux temps, et pour repartir sur de bonnes bases, tout ça, tout ça... » Il espère qu’elle acceptera, parce qu’il n’a pas envie de la quitter de suite, il n’a pas envie de tourner les talons. Il aimerait pouvoir découvrir toutes les petites choses qu’il a loupé dans la vie de la demoiselle.  
 

Je n’avais aucune envie d’être là, pourtant la journée démarrait bien ! Je m’étais motivée pour sortir profiter de la ville avec un bon état d’esprit. Mais là, j’étais en train de vivre mon pire cauchemar, c’est comme si cette journée revenait en boucle, les flashs des paparazzis filmant la tromperie de notre faux couple. Pourtant, je le savais qu’on n’était pas ensemble mais bordel j’avais de sentiments pour lui. Je ne lui avais jamais vraiment dit, parce que je pensais que ce n’était pas réciproque pourtant je me sentais en quelque sorte trahis, je ne pense pas que les promesses qu’on se faisait des loges avant d’aller jouer des scènes de « Lucy la magicienne » aller perdurer toute la vie.

Des promesses à base de, promis on se mariera et on n’aura pleins d’enfants Anthéa, je te le promets tu ne seras plus triste à cause de ton papa qui tape ta maman, c’était lui qui pensait mes blessures interne qui m’aidait à penser à autre chose et moi qui pensait les siennes pour lui éviter de lui rappeler que ces parents n’en avaient rien à foutre de lui.

- Lâche-moi, Tom … Bordel, mais qu’est-ce que tu fous ici !

La peur avait cédé à la colère, maintenant je bouillonne de l’intérieur. Parce qu’il n’avait pas le droit d’être ici, l’endroit où j’avais prévu de me reconstruire, après que ce scandale avait détruit ma vie et mon image et que ça m’a dégoûté de tout ce monde hypocrite. Je n’avais pas envie de lui montrer la faiblesse de mes sentiments, je ne voulais pas qu’il gagne en quelque sorte à voir à quel point le fait qu’il soit là me chamboule complètement, tous ces sentiments si scrupuleusement enfouis refaisaient surface en moins de deux minutes.

C’était comme deux aimants qui s’attire, je ne voulais pas ressentir tout ça une nouvelle fois, mais maintenant c’est trop tard, des larmes se forment aux coin de mes yeux, je cligne plusieurs fois pour essayer de les faire disparaître le plus rapidement possible, je relève la tête pour planter mes iris dans ceux de Tom, mon cœur palpite si fort, j’ai même peur qu’il l’entende, des papillons se forment dans mon estomac, il faut surtout pas que je montre que j’éprouve du désir en le revoyant, même si des scènes de tromperies remontent à la surface et me font me tordre de douleur, la passion et le désir sont plus fort.

- C’est bon je vais bien.

Je décide de m’éloigner de la foule en me rapprochant du rivage et collant vraiment le bord de la promenade et de marcher tranquillement, laissant la pression et l’engouement de l’effet de star redescendre tranquillement, que tout le monde retournent à sa petite vie tranquille et que je puisse enfin manger ma glace au parfum de vanille, je ne sais pas vraiment si Tom me suit mais j’en déduis que oui quand je sens une nouvelle fois sa paume chaude et calleuse se poser sur mon épaule, le vent fouettant mon visage, la douceur de la chaleur et les rayons de soleil inonde la promenade, ce jour est si agréable, mais pourtant il fait si mal.
 

Lorsqu'il découvre la jeune rouquine, c'est comme une chappe de plomb qui lui tombe au fond de l'estomac. Des regrets amers. Amers parce que s'il n'avait pas écouté ses parents et leurs idées tordues, leur relation n'aurait pas pris un tournant aussi définitif. Il n'a pas envie de se dédouaner des conneries qui ont aussi été les siennes, mais il se rend compte que tous les choix que ses parents ont pris à sa place n'ont été que mauvaise pour lui. Et il n'était pas prêt à se retrouver face à ces terribles choix. Pas si vite, pas alors qu'il s'était isolé pour faire le vide autour de lui, pour se recentrer sur lui-même. Se repentir de toute la merde qu'il avait laissé derrière lui. Aujourd'hui, il n'avait pas fait le tri dans sa vie, il n'était pas prêt encore à repartir du bon pied. Mais le destin semblait vouloir bouleverser les choses. Il ne pouvait pas faire comme s'il ne l'avait pas vu, comme si elle n'existait pas, comme s'il ne la reconnaissait pas. Malgré les années qui étaient passées, elle était toujours fidèle à elle même, aussi douce, aussi jolie. Non, elle n'était pas jolie. Jolie, c'est ce qu'on disait des jeunes filles. Anthéa n'était plus une gamine, depuis bine longtemps quand bien même il avait refusé de le reconnaître. Elle était une femme, et une très belle femme, malgré la panique qui déformait son visage.

Il s'interpose entre la belle et la foule. Il se rappelle qu'elle n'a jamais aimé ça, que c'était même son appréhension la plus grande, et il lui est impossible de tourner les talons sans lui venir en aide. Il fend la foule, s'approche d'elle a grand pas, mais lorsqu'il se rend compte de sa réaction, il se demande s'il n'a pas fait pire que mieux. Il aurait du se douter qu'elle ne serait pas heureuse de le revoir. Cette histoire de fausse relation c'est très mal terminé, et comme il n'a pas osé l'affronter, il s'est tiré sans un mot, sans une explication, comme pourrait-elle être heureuse de le revoir ? Face à son incompétence, et à son idiotie, il se laisse rattraper par sa colère, éclatant cet appareil photo au sol. Il se rendra compte plus tard que c'était idiot, que ce genre d'objet coute une blinde, que lui même serait devenu fou si on avait touché à son objectif. Mais là, il ne pense pas de manière cohérente. Et cela a au moins l'avantage de créer un état de choc dans la foule qui les fait reculer de plusieurs pas, laissant de l'espace à Anthéa. Lorsque la jeune femme s'éloigne, il en profite pour se retourner vers le jeune homme qui observe son appareil en morceau. « Excuse-moi, c'était débile comme réaction. Tu n'auras qu'à m'envoyer ton adresse sur les réseaux, je t'en ferais envoyé un neuf » C'est la moindre des choses qu'il pourrait faire pour se faire pardonner.

Il n'attend pas d'avoir la confirmation de l'homme, il se détourne déjà alors que la foule c'est peu à peu dispersé. Il s'approche de la rousse, pause une main sur son épaule qu'il retire presque instantanément. C'est déplacé, incongru. « Ca va mieux ? Tu as besoin de quelque chose ? » Il fuit son regard, fouille le sable comme s'il allait découvrir un trésor qui pourrait détourner la conversation qui s'annonce périlleuse. « Je ne savais pas que tu étais ici » Bravo, Tom, très subtile. Quand tu ne sais pas quoi dire, faire ta gueule. Il soupire, glisse ses mains dans ses poches. Pourquoi c'est si dur ? « Ca fait longtemps.. » Il doute, ne sait pas de quelle manière s'y prendre. « Est-ce que je peux te raccompagner jusque chez toi ? » Il préfère éviter les flashs encore une fois, déjà parce que la presse va s'en donner à coeur joie, et qu'il ne souhaite pas imposer ça à Anthéa une seconde fois.
 

Tom était vraiment bienveillant au début de notre relation, on était enfant, les enfants ne se faisaient pas du mal autant que les adultes. Ça j’étais trop jeune pour savoir que développer des sentiments pour un type qui casse un appareil photo pour vous sauver de tous ces regards, allait être ma kryptonite.

Pourtant il valait mieux mourir que d’assumer que j’avais vraiment apprécié son geste, non pas que casser et détruire des biens appartenant à des gens était bien, mais le fait de vouloir me protéger c’est ça que j’avais vu dans cette action. Je savais qu’il s’en voulait, mais j’avais trop de fierté pour lui pardonner et encore plus pour lui sauter dans les bras je voulais qu’il fasse ces preuves, qu’il me montre que vraiment s’il tenait à moi, même si c’était par amitié.

Anthéa tu ne veux pas de son amitié, tu le veux pour toi. Souffle ma conscience.

Je soupire doucement, puis je me reconnecte avec la réalité, quand Tom brise ce silence une fois que nous nous sommes éloignés de la foule, je ne peux retenir mon envie de lui demander de rester, comme je suis faible.

- J’aimerais bien manger une glace…

Je laisse l’espoir qu’il veuille bien au moins fêter cette retrouvaille avec une glace peut-être que finalement je devrais fournir des efforts, même si je ne veux pas qu’il pense que tout est acquis, c’est pour ça que je vais juste manger ma glace gentiment, que je vais le laisser payer, même si je sais très bien que ce n’est pas une maudite glace qui va le mettre dans l’embarras il en faut beaucoup plus à Tom, pour ça.

J’engage ma marche en direction du petit stand de glace que j’avais vu, quelques minutes avant que tout ce remue-ménage vienne s’installer ici. Un stand, avec des couleurs pastel très girly, des propositions de glace toute diversifié, entre le parfum aux schtroumpfs, au yaourt glacé et d’autres trucs tout aussi chouette les uns que les autres qui donnent vraiment envie.

Une petite fille passe devant nous sa glace à la main, nous sourit gentiment et cours auprès de son père, sûrement pour chuchoter un truc assez rigolo, l’homme lance un regard dans ma direction et semble lever la main pour nous saluer, lorsque je fais le même geste dans sa direction, une fois que l’homme nous tourne le dos mettant la petite fille sur ses épaules et s’éloigne je baisse ma main et percute celle de Tom, un violent frisson me parcours et mes idées s’embrouillent, le glacier me demandent quels parfums je souhaiterais, mais j’ai pas le temps de répondre Tom s’engage en premier.
 

Abruti, abruti, abruti. Il se morigène en boucle ces derniers mots. Lui, qui en temps normal est si bavard, se retrouve la chique coupée face à la rouquine. Fût un temps, c'était la personne qu'il connaissait le mieux, ils partageaient leurs moindres secrets. Ils étaient inséparables. Il passait même plus de temps avec elle, qu'avec ses propres parents. Et aujourd'hui, le temps a passé, c'est comme si un siècle entier s'était écoulé. Il est face à elle, face à cette jeune femme toujours aussi douce, aussi belle, et d'un côté, il pourrait croire que rien n'a changé... Et de l'autre, c'est comme si un fossé entier les séparés. Il ignore ce qu'il pourrait lui dire, s'il est censé s'excuser, faire comme de rien n'était. Ou peut-être juste partir. Peut-être qu'elle ne désire plus de lui dans sa vie, et en même temps, elle aurait raison. Il n'a été qu'un idiot. Toute sa vie, il n'a fait que ça, faire des erreurs. Erreurs sur erreurs. Les pires de toutes : avoir laissé sa famille décider pour lui, laisser la presse s'emparer de ce scandale, et partir sans un mot. Quel crétin, il aurait au moins pu lui laisser une lettre, ou avoir le courage de l'affronter.

« Va pour une glace » Il saute sur l'occasion qu'elle lui offre de ne pas la quitter de suite. Il ne sait pas si ça a un sens, si cette demande a une véritable signification, mais pour lui, c'est déjà un pas en avant, elle ne le rejette pas, elle ne l'envoie pas sur les roses. Le trajet se déroule dans un silence terrible, les mains dans les poches, il n'a aucune idée de comment le briser. Il se demande d'un coup, ce qui est pire : ce silence, ou si elle s'était mise à lui crier toutes ses fautes à la tête. Au moins, dans le deuxième cas, elle s'adresserait à lui, alors que là, il ignore ce qu'elle pense, et ça le rend fou. Ils arrivent au niveau du marchant de glace, toujours aussi gêné, et sans réfléchir, comme au bon vieux temps, comme si rien n'avait changé, il commande pour eux deux. « Deux grandes glaces vanilles de Madagascar s'il vous plait » Et c'est quand le glacier se détourne pour préparer leur commande, qu'il se rend compte de sa bourde. « Pardon, je... Je n'ai pas réfléchi, tu voulais peut-être autre chose ? » Parce qu'il ne sait rien d'elle, rien de la personne qu'il a connu. Si c'était son parfum favori à l'époque, peut-être n'est-ce plus le cas aujourd'hui ?

Il glisse la monnaie dans la main du vendeur, et les voilà à marcher de nouveau côte à côte avec leur cornet à la main. Ils marchent, marchent encore, et le silence s'impose encore. Impénétrable. Et il comprend. Il comprend qu'elle ne lui fera pas le plaisir de dire quelque chose, de lui ouvrir une porte. C'est lui qui s'est enfuit, lui qui a merdé, c'est à lui de réparer ses erreurs. « Bordel... Je suis désolé, tellement désolé. » Après un soupire, il relève enfin la tête vers elle pour croiser son regard, pour assumer. « Je suis parti comme un voleur, c'était minable. Mais je ne savais pas de quelle manière t'affronter après ce que j'avais fait. » Il soupire, encore, parce qu'il se rend compte a quel point ses excuses sont dérisoires à côté de la peine qu'il a du lui causer. « Merde... Je n'étais qu'un petit con. Je le suis toujours d'ailleurs. Tu ne méritais pas ça »


 

Il avait retenu, il avait retenu mon parfum de glace préféré. J’étais sur le cul, pourquoi j’étais aussi étonnée ? Après tout, c'était mon meilleur ami avant que toute cette pagaille ne vienne s’installer. Mais bordel, ce mec te rend dingue, juste cette petite attention fait remonter tellement de choses en toi, un flashback te revient en tête. Vous deux assis sur le faux banc du décor de la série « Lucy la magicienne » vous deviez tourner cette fameuse scène de baiser, celle qui allait rendre l’audience de la série à son summum, qui va faire exploser les compteurs. Je me souviens encore de la douceur de ses lèvres, de la chaleur de sa bouche. Pourquoi est-ce que je me remémore toujours ce genre de chose dans ces moments-là ?

- Tu t’en es souvenus ?

Je me souviens pourquoi ont été si proche et si bien ensemble, c’était si naturel, on rigolait et on passait notre temps ensemble, il savait pertinemment que mon père avait frappé ma mère quelques fois, il savait pertinemment que j’avais tellement peur de les décevoir que je me déchirais sur scène. Tom avait payé la glace et on se baladait tranquillement côte à côté, observant la plage avec la houle qui s’écrase sur le sable, le soleil qui laisse ces rayons se réverbérer sur l’eau et le vent qui fouette légèrement le visage, je me sens si bien. Et les excuses de Tom remplissent mon cœur de joie, j’ai même le cœur au bord des larmes, comme si j’étais si heureuse qu’il me fasse des excuses et que finalement je n’ai jamais perdu mon meilleur ami.

- Oui c’est vrai que t’es con, mais tu es mon meilleur ami.

Ça sonne tellement faux dans ma bouche que je m’en écœure toute seule, il faut dire que je ressens depuis des années bien plus que de l’amitié pour Tom, c’est plus profond que ça, je l’ai su quand mon cœur s’est déchiré en mille morceau après l’avoir vu embrasser cette maudite actrice du nouveau film d’action de l’année. J’étais dégouté et cette nuit-là j'avais pleuré toutes les larmes de mon corps, certes on était un faux couple et cette idée était déplaisant et même si je n’avais jamais prétendu l’aimer, au fond de moi, j’avais des sentiments.

- Oublions ça, ça fait partie du passé. Je te pardonne même si je n’oublie pas, on peut donner une nouvelle chance à notre amitié.

Le faire ramer c’est un peu le but de la manœuvre, je voulais certes qu’on se rapproche et qu’on redevienne aussi proche qu’avant mais il allait devoir faire autant d’efforts que possible, parce que moi je n’allais pas le laisser faire, même s’il connaît mes points faibles je ne vais pas me laisser vaincre par mes sentiments.
 

Son regard rencontre celui de la rousse, et l’éclat d’espoir qui brille dans ses yeux le percute comme un boomerang. Ce genre de détail infime, il n’a pas oublié. Il n’a rien oublié de ce qui concerne la jeune femme et leurs passés communs. Il s’est comporté comme un enfoiré avec elle, mais cette femme, il l’aurait chéri toute sa vie s’il s’était montré moins lâche, moins peureux. Et il se rend compte qu’elle n’a pas oublié, elle non plus, n’est pas passé à autre chose. Il a vraiment, vraiment merdé dans cette histoire… Vraiment. Mais pour sa défense, il n’avait jamais eu d’exemple sur lequel se basait. La relation de ses parents avait toujours été tronquée, fausse. Il n'avait jamais vu d’amour entre eux, jamais vu d’amour véritable. La vérité c’est que son seul exemple, c’est tous ces films qu’il a eu l’occasion de voir et revoir. Et ce qu’il en avait retenu, c’est qu’il valait parfois mieux ne pas aimer, qu’aimer mal. Son but avait toujours été de protéger Anthéa, et peut-être l’avait-il mal fait, mais il avait craint de faire encore pire en étant avec elle, en lui offrant son amour. Mais, à voir l’espoir qui réside dans son regard, il doute réellement. Parce que malgré tout, malgré ses erreurs plus qu’honteuses, impardonnable… Elle est encore là, à espérer un signe de lui. « Bien sûr, je suis parti, je ne t’ai pas oublié pour autant... » Et en même temps, avec cette simple question, elle lui fait prendre conscience à quel point il s’est comporté comme un véritable con avec elle. Il s’est tiré sans un mot pour elle, sans lui présenter ses excuses, sans lui donner une seule chance de lui expliquer pourquoi il s’était comporté de cette manière, pourquoi il l’avait trahi de la sorte ou pourquoi il ne pouvait pas continuer.

Et d’un coup, alors qu’il ne sait plus de quelle manière se comporter, qu’il ne sait plus quoi dire pour arranger son cas, elle lui donne cet espoir : il est son meilleur ami. Envers et contre tout, il semble toujours avoir cette place dans son cœur. Une vérité qui ne lui convient pourtant qu’à moitié, qui fait remonter en lui des tonnes de regrets, de chose qu’il n’a jamais su lui dire. « Je ne suis pas sûr d’encore mériter cette place vu la façon dont je t’ai traité... » Il aimerait pouvoir dire que ce n’est pas sa faute, sauter sur l’occasion que lui offre la rousse, mais il ne peut pas lui laisser tout effacer comme ça, d’un claquement de doigt, se serait trop facile. Elle ne mérite pas qu’il puisse reprendre cette place comme ça, aussi simplement.

« Est-ce que tu me laisserais t’amener dîner ? Tu sais, histoire de me faire pardonner, en mémoire du bon vieux temps, et pour repartir sur de bonnes bases, tout ça, tout ça... » Il espère qu’elle acceptera, parce qu’il n’a pas envie de la quitter de suite, il n’a pas envie de tourner les talons. Il aimerait pouvoir découvrir toutes les petites choses qu’il a loupé dans la vie de la demoiselle.

J’étais agréablement touché par l’attention de Tom envers moi, mais j’avais toujours cette amertume au fond de la bouche, comme si en boucle je me remémorais cette scène atroce, et toutes les coupures de journaux que j’avais fait, à chaque fois que je le voyais trainer avec une femme, ou juste avec une femme au bras pendant un dîner chic, un gala de charité ou d’autres événements, je sentais la bile remonter. J’avais tellement été blessée que maintenant c’était mon corps qui me disait ne retombes pas dedans tu sais comment tu vas finir et il va falloir te ramasser à la petite cuillère et ça personne pouvait le faire à Brindleton Bay, tu n’avais pas ta mère pour faire ce job et même pas d’amie, tellement tes parents t’avaient séparé de tout – surtout ton père -. Je soufflais comme pour me donner du courage, continuant de regarder l’horizon de ce spectacle à couper le souffle, d’une mer peu agitée et du soleil se couchant progressivement sur celle-ci. Certaines de ces paroles me mettent du baume au cœur, on ne va pas se mentir, qui n’aimerait pas que votre ex vous dise qu’il ne vous a jamais oublié. Comme pour le rassurer je me surprends à tapoter gentiment son épaule et à lui dire

- T’en fais pas ça se fera naturellement, on a qu’à commencer par continuer en parlant d’autres choses ?

J’avais repris en essayant d’oublier que je dérogeais déjà la règle que je m’étais fixé dans ma tête pas de contact physique sinon tu vas défaillir, oui bah c’était déjà le cas juste une main sur l’épaule ça ne fait rien et pourtant, je me suis remémoré combien de fois j’avais pleuré sur son épaule à cause de mes parents et combien de fois je posais ma tête sur son épaule blottis dans ces bras. Je secoue la tête discrètement pour reporter mon attention sur Tom qui me fait une drôle de proposition finalement.

- Euh … Je ne sais pas … Euh oui, ok. Mais je ne vais pas y aller dans cette tenue ?

J’avais accepté tel une débile, je devais le fuir ce mec, pas foncer tête baisser dès qu’il me propose un rencard, Attends quoi un rencard ? Mais qu’est-ce que je vais m’imaginer

- Ce n'est pas un rencard hein ?

J’avais osé posé la question, je me sentais devenir toute rouge, même rouge écarlate, j’avais l’impression de redevenir la petite adolescente puérile qui se fait inviter par un garçon sur qui elle crush depuis des années – ce qui est clairement le cas actuellement – mais en fin bref j’étais en train de replonger et j’adorais ça, malgré que ça me fasse peur, j’avais peur de voir les anciennes blessures se rouvrir, mais j’étais là à espérer encore qu’entre nous ce soit possible et que peut-être j’aurais la chance d’être heureuse et de faire ma vie avec quelqu’un que j’aurais vraiment aimé, espérons que je ne suis pas juste un pansement pour ces proposes blessures.
 

Dire qu’il est heureux serait un doux euphémisme. Sa journée s’arrangeait d’heure en heure. Il ne s’était pas attendu à croiser Anthea ici, mais il était plus que joyeux d’avoir pu faire son mea culpa sur cette affaire qui lui plombait le moral depuis des années. Il ne s’était pas montré correct avec la jeune femme lors de leur pseudo séparation. Qui plus est, il n’aurait jamais dû laisser ses parents décidés pour lui. Au fond, peut-être qu’il désirait aussi que les choses se passent ainsi. Parce qu’il s’avait que ses parents n’avaient que de mauvaises idées, que ça ne se terminait jamais bien pour lui. Mais d’une certaine manière, ça l’arrangeait. Ça lui permettait d’être plus proche d’Anthéa. De l’embrasser aussi. Parce que s’ils s’étaient montrés très timide l’un envers l’autres les premiers jours, ils s’étaient vite rendu compte que pour que le public se prenne au jeu, ils n’avaient d’autres choix que de jouer le jeu à fond. Et c’est ce qu’ils avaient fait. S’ils n’étaient jamais allés plus loin que ça, il ne comptait pas le nombre de baisers échangés au fil du temps. Et il ne pouvait pas mentir sur l’effet que les lèvres de la jeune femme ont pu avoir sur lui. A chaque fois, il n’avait désiré qu’une chose : lui en demander plus... tout en se refrénant avec l’idée en tête qu’il ne pourrait rien arriver de bons dans cette histoire. Ses parents étaient appâtés par l’envie du gain, rien, ni personne ne comptait à leurs yeux. Il s’était interdit d’entraîner la rouquine encore plus dans cette bouse qu’elle ne l’était déjà par sa faute.

« Tu as raison. Raconte-moi, qu’est-ce que tu deviens ? Qu’est-ce que tu fais ici ? » Il est curieux, il souhaite vraiment en savoir plus sur ce qu’est devenu sa vie aujourd’hui. Et passer la soirée en tête à tête avec elle, autour d’un bon repas lui semble l’idée du siècle. Donc il ne réfléchit pas d’avantage et lui propose de venir diner avec lui sur un coup de tête. Il ne se rend pas compte de l’espoir que cela laisse sous-entendre, de ce que cela pourrait vouloir dire.  

« Qu’est-ce qu’elle a, cette tenue ? Moi je la trouve très bien, et on emmerde les gens à qui elle ne conviendrait pas... » Oui, il était comme ça lui. Il avait passé trop de temps à se préoccuper de ce que les autres pouvaient penser de lui à cause de ses parents. Aujourd’hui, il avait appris à s’en foutre. A ignorer les regards noirs, en coin ou de travers. Mais il se rend compte que ce n’est peut-être pas le cas de la jeune femme, alors il se rattrape vite : « Mais si tu tiens à te changer, on peut faire un détour par chez toi, ça ne me gêne pas. »

Ils commencent à marcher l’un à côté de l’autre, mais la question de la jolie rousse l’arrête net. Merde, il n’avait pas envisagé qu’elle puisse prendre son invitation de cette manière. Est-ce que c’est un rencard ? Est-ce qu’il voudrait que ça en soit un ? Oui, sans aucun doute. Il aimerait pouvoir séduire la jeune femme, repartir à zéro, faire les choses correctement. « Tu aimerais que ça en soit un ? » Il n’a pas pu s’empêcher de poser la question, la curiosité le dévorant de l’intérieur. Mais il ne laisse pas le silence s’étendre entre un, il reprend très vite. « Je pense que l’on devrait d’abord se pardonner avant d’envisager un rencard, mais peut-être qu’un jour, si tu m’en laisses la chance, je pourrais te le proposer. »

On marchait toujours le long de la promenade près de l'eau, c'était agréable toujours cette sensation. Me retrouver ici avec Tom, réveillait en moi des sentiments, que je me suis juré d’enfouir pourtant au plus profond de moi, mais c’était plus fort que moi, comme une aimant je voulais être tactile avec lui, mais je pensais aussi au faite que ça pourrait lui faire peur, si je devenais tactile avec lui d’un seul coup, alors que je me suis juré de ne pas retomber dans ces bras, pourtant ça fait quelques heures qu’on marchait et j’avais l’impression de ne l’avoir jamais quitté, qu’on était toujours autant fusionnel qu’avant.

- Et bien, je suis arrivée ici dans le but de m’isoler de toute cette pagaille médiatique ... Et je cherche du boulot pour occuper mes journées parce que je m’ennuie pas mal. Même si c’est agréable la vie ici.

C’est vrai que depuis que je suis arrivée à Brindleton Bay, je me sentais moins asphyxié, plus détendu j’avais fait de belle rencontre et surtout je m’étais amusé à découvrir Brindleton Bay, mais en vrai la venue de Tom était un nouveau vent de fraîcheur je me voyais déjà partagé nos soirées ensemble à papoter et se rapprocher de plus en plus, ça me donnait même envie de remonter sur scène avec lui mais chaque chose en son temps.

- Tu ... tu la trouves très bien ? Merci

Il m’avait complimenté et j’avais grandement apprécié ça, il avait toujours été comme ça Tom, toujours le bon mot, toujours la bonne attention. Voilà, ce qui m’avait fait tomber amoureuse de lui, il m’avait confié l’attention dont j’avais besoin et que je voulais ressentir toute ma vie.

- Si tu me trouves jolie avec mon jean et ce petit crop-top blanc alors ça me va

Je rigole en mettant ma main devant ma bouche et rabat une mèche de cheveux derrière mon oreille, à ce moment précis je désir vraiment Tom et j’essaye de cacher ça discrètement en m’éloignant et m’approchant de la plage

- Viens je vais tremper mes pieds.

J’enlève mes chaussures pour laisser l’eau venir se jeter sur mes pieds ce qui est très agréable un peu fraîche, mais c’est juste le temps de s’habituer, finalement ça devient très reposant de se balader pied nue dans le sable avec ces pieds dans l’eau. La gêne revient au galop quand il me demande si j’aimerais que ce soit un rencard. Je ne sais pas vraiment quoi répondre, je hausse les épaules et je souris bêtement, ne sachant pas répondre mais je vois bien qu’il fait des efforts pour essayer d’arranger les choses.

- Ça me va !