Nom. Moriarty. Comme James. Mais surtout comme dans “Moriarty & Levinson” écrit sur une plaque dorée à l’entrée d'un des plus gros cabinet d’avocats de Chicago, que mon père dirige depuis quelques années  Prénom. Judicaël BalthazarSurnom. Jude généralement. Parfois Taz, quand j'ai besoin de me sentir puissant, libre, comme le dieu que j'étais sur la glace avant l'accident Âge. 19 ans fêtés récemment. Plus vraiment un ado, je ne sais même pas vraiment si je l’ai vraiment été un jour. Pas encore tout à fait un adulte, trop instable, trop cassé.  Date et Lieu de naissance. 6 janvier 2003, dans une clinique de Chicago Origines. Mexicaines par ma mère, britanniques par mes grand-parents paternels. Orientation Sexuelle. Je sais pas vraiment. J'ai pas le temps de connaître les premiers émois de la plupart des adolescents, les questionnements, les embrassades derrière les gradins ou dans un placard à balai. Y'a eu Nick et les conséquences de ses actions. Je me suis jamais demandé qui me plaisait, seulement à qui je pouvais plaire. Statut Matrimonial. Quand je suis d'humeur, disponible pour toute fréquentation sur courte durée (quelques heures à une nuit complète, selon affinités) Mais n’en espérez pas plus, je suis quelqu’un d’assez décevant à long terme. Famille. Mes parents, mes deux grands frères. Je pense que je m'en sortirais bien sans les revoir. J'ai découvert deux tantes en arrivant ici, Ximena, et Eiza, chez qui je vis, et qui a 2 enfants Occupation. Je passe mes journées le cul sur une chaise, à devoir écouter des cours qui intéressent assez peu. Le week-end et parfois le soir en semaine, je bosse comme plongeur à la Cantine. Quartier. A Hudson Hills, chez ma tante Eiza Date d'arrivé. Je suis arrivé en novembre dernier

✚ Je dors pas comme il faut. Je compte plus le nombre de mes insomnies, à écouter le tic-tac du réveil, compter les lattes du plancher, me tourner encore et encore dans le lit, priant pour un sommeil qui ne vient pas. Je sais pas ce qu'il est le pire entre les nuits sans sommeil et celle où je me réveille en sueur à cause d'un cauchemar. Au moins, j'ai tellement bien appris à ne pas déranger les adultes que je crie rarement dans mon sommeil. J'ai pas envie qu'Eiza s'inquiète.
Parfois je sors. J'aime la ville la nuit. Elle est plus calme, enveloppé d'une sorte de voile, un air partagé par les oiseaux nocturnes, les fêtards sortant d'une soirée bien arrosée, quelques lève-tôt partant pour le boulot ou juste un jogging. C'est fatigant de ne pas dormir. Je rattrape fréquemment ce sommeil en cours, au grand dam de mes professeurs.
✚Je garde un chat dans ma chambre. Je l'ai recueilli y'a quelques semaines. J'ai pas encore officiellement demandé à Eiza si je pouvais le garder. J'ai peur qu'elle dise non. Il était tout maigre, abandonné sur le bord de la route. J'ai cru qu'il était mort au début. Il a sans doute été percuté par une voiture ou un vélo. Puis j'ai vu sa poitrine se soulever et j'ai pas vraiment réfléchi. Je l'ai chopé et j'ai marché aussi vite que j'ai pu jusque chez le véto. Il s'en est sorti mais il boite d'une de ses pattes. Ca plus la cicatrice qui traverse un de ses yeux, j'ai dû me projeter un peu en lui. Deux carcasses qui se soutiennent. Je me suis attaché à cette boule de poils grognons. J'ai même trouvé un petit boulot, pour payer ces croquettes. Ca coûte un bras ces trucs.
✚ J'ai une cicatrice qui traverse mon sourcil droit et descend sur ma joue. Le médecin à l'époque m'a dit que j'avais eu de la chance que l'oeil n'ait pas été touché. J'avais 13 ans, l'école avait organisé une sortie patinoire pour la classe. Y'avait du monde sur la glace, un con n'a pas fait attention et a fait tomber quelques personnes lourdement. Dans la mêlée, mon visage a malheureusement rencontré une lame et pouf... Adieu le visage immaculé de chérubin. Ca a ajouté à mon charme paraît-il. Mon père était furieux, je pense qu'il a poursuivi en justice le gars. Pas par amour ou par inquiétude. Un peu pour la forme. Un peu parce que je commençais à être connu et participais à de nombreuses compétitions, et que si ma blessure avait été plus grave, ça aurait pu avoir un grave impact sur ma carrière.
Je la gratte parfois quand je suis nerveux ou mal à l'aise.
✚ Ma tête est un gruyère. Et la moitié qui n'est pas envahie de trou est parfois remplie de nuage qui me font voir, entendre, sentir des choses qui n'existent pas. J'ai mal à une jambe qui n'est plus là. J'ai l'impression que mon corps ne m'appartient plus, je me reconnais pas toujours les rares fois où j'arrive à faire face à mon reflet.
✚ J'arrive pas à manger. J'arrive plus. Ça aussi c'est Nick qui gérait. Mes menus étaient cadrés, équilibrés. Et les jours où ça allait vraiment mal et que je ne pouvais rien avaler, il restait à mes côtés. Maintenant les crises vont et viennent. Certains jours, rien ne passe, la vue même de la nourriture me dégoute. Mais mon corps finit par protester, et alors je mange tout ce qui me passe sous la main. Le problème c'est que je suis ensuite incapable de me regarder dans la glace, j'ai l'impression de voir mon corps se déformer. Alors on repasse sur une phase à compter le moindre grain de riz. Et ça s'enchaîne, encore et encore.
✚ J'ai jamais vraiment eu de hobbies. Le patinage était toute ma vie. Mais j'aimais bien prendre des photos. Pour figer les souvenirs qui ont une tendance à disparaître de ma mémoire. Figer les gens, avoir le temps de les analyser. Ils bougent trop vite en vrai, sont trop bruyants, trop... Tout. J'aime les photos. Elles ne demandent pas qu'on leur réponde. J'ai emmené mes trois appareils en venant ici : en argentique, un polaroïd et un numérique. Je prends des photos de tout et de rien. Ca me détend.
✚ J'ai des tics. Beaucoup. Sans le patinage pour régler ma vie, c'est comme si mon corps avait oublié comment avancer et comment gérer la pression. Enfin, j'ai toujours eu assez mauvais sur ce dernier point, et plusieurs de mes tics ne sont pas récents. Mais ça a empiré depuis l'accident. Je mordille ma peau, mes ongles, les bouts des crayons quand j'y pense pour éviter de me faire mal. Je me griffe, me pince, pour calmer les crises de panique. Je tire sur mes cheveux, les arrache parfois. Ma psy m'a conseillé d'avoir toujours du papier et un crayon à portée de main, pour gribouiller quand je sens que ça va pas, évacuer ma rage et mes angoisses sur du matériel plutôt que sur mon corps.
✚ J'aime beaucoup la musique. Ca me coupe du monde et me permets de me concentrer. Mes parents m'ont emmené tôt à l'opéra et à des concerts orchestraux. J'ai gardé un certain goût pour toute la musique dite classique. Chercher des bande-sons pour mes chorégraphies de patinage m'a fait tomber amoureux des musiques orchestrales de films. C'est  Nick qui m'a fait découvrir le rock et le métal, et c'est vite devenu ce qui tournait en boucle dans mes écouteurs avant les compèt. Y'avait pas mieux pour me plonger dans ma bulle et ne penser à rien d'autre que ma chorégraphie avant de rejoindre la glace. J'aime les voix puissantes et profondes, les basses qui font vibrer mes os, toute la colère qui semble parfois surgir. J'essaie de penser le moins possible à Nick et tout ce qui me reliait à lui, mais je n'arrive pas à lâcher la musique.