Tout le monde aurait pu prédire l'avenir avec ses deux-là, les parents de Mélusine. Ils étaient dingues l'un de l'autre, autant que de leur statut respectif. L'un fils, petit-fils, d'un grand du luxe. L'autre fille de propriétaire d'un hôtel et les voilà en plus d'associés, mariés, parents maintenant d'un petit trésor qui scelle un peu plus leur union, une nouvelle espèce de signature, mais dont ils n'auront pas le temps de s'occuper, où alors quand ils en auront besoin.

La vie à la villa, car c'est ici qu'elle se souvient avoir toujours vécu, même si NY a été six mois sa maison, est un rêve. Tout le monde rêverait d'avoir un jacuzzi, une bibliothèque et de vivre dans une maison aussi imposante. Mais presque vide. Sans sa grand-mère et sa nanny qui gère la maison d'une main de maître, il n'y a personne. Mélusine ne voit que rarement ses parents, et ceux depuis qu'elle a quelques mois. Ici, à Brindleton Bay, ce n'est pas pour le loisir ou pour élever leur enfant qu'ils sont venu, mais bien pour le travail. Alors la petite court, danse, elle vit entre ses murs, tente de leur faire respirer la joie et la vie... Même si ce n'est pas simple en étant le seul enfant des lieux. Alors le jardinier, amoureux de grand-mère, vient souvent avec sa petite fille, de l'âge de Mélusine, elles vont devenir amies, encore plus quand la danse va les lier, meilleures amies.

Même si le jardinier aime tant sa grand-mère, il y a un endroit où il ne met pas les pieds, enfin que rarement. La serre de Grand-mère. Cet endroit magique, celui qu'elle chérissait tellement. Elle avait réussi à capturer un morceau du jardin d'Eden pour le mettre entre ses murs de verres, dans une énorme serre au fond du jardin, à l'abri du regard, loin de la maison, et surtout petit point positif, ses parents n'aimaient pas y venir. Tant mieux, car maintenant, que Grand-mère ne vient plus ici. Il n'y a que le jardinier, qui continue, pour pouvoir lui offrir des fleurs, et Mélusine, qui en a fait un refuge, avec un futon pour y dormir lorsque les étoiles sont si scintillantes, pour s'y poser quand les mots deviennent trop forts... Un refuge que personne ne pourra lui retirer.

Si la serre est son refuge, chez elle, il y a un autre endroit où elle adore se rendre. Le studio de danse. Depuis qu'elle a compris que c'était ce qu'elle voulait faire de sa vie, elle s'y est inscrite. Le classique, la seule condition pour que sa mère accepte. Alors c'est comme ça qu'elle a commencé. Classique, puis moderne jazz, avec un peu de danse latine. Elle a tout testé, et elle adore, même la pole danse. En passant des heures et des heures devant le miroir, à la barre. Elle a fini par se lier d'amitié avec un groupe, surtout celui qui était déjà proche de sa meilleure amie. Une petite bande de danseurs qui sont là les uns pour les autres, loin de paillette et de ses amis que ses parents lui imposent lors des galas de charité.

Vacances dans des pays plus beaux, toujours plus luxueux, dans ses hôtels, soit les leur soit de futurs achats. Mais ses vacances, il y a deux ans avaient un goût particulier. Famille italienne avec qui une poignée de main, regard vers leur fils, vers Mélusine, cela semblait étrange. Giovanni était un homme, riche, imbu de sa personne, un égo démesuré. Mais surtout célibataire et c'est ce qui lui faisait peur. Et elle a vite compris que ses allers-retours en Italie, ses vacances toujours là-bas. Ce n'était pas que du loisir. Rien ne l'était dans le monde de ses parents.

"Mais pourquoi ? Je ne l'aime pas ! Je ne veux pas me marier avec lui." Son père ne lève même pas les yeux de son dossier sur le bureau. Un simple texto, indiquant de le rejoindre et cette nouvelle. "Tu n'as pas le choix. L'image de la société à besoin d'un coup de pouce, tu le sais. Les finances ne sont pas au beau fixe." "Mais..." "Il n'y a pas de mais, Mélusine, tu fais partie de cette famille, tu épouseras Giovanni, c'est un excellent parti et il est riche, tu ne manqueras jamais de rien avec lui. Et l'entreprise gagnera autant que toi." "JAMAIS !" Elle avait quitté le bureau de son père en claquant la porte derrière elle. Mais elle était prise au piège. Elle savait que sans ce mariage, l'entreprise coulerait, et elle ne pourrait continuer la danse, pas comme ça en tout cas. Son indépendance, c'était ce qu'elle devait faire... C'était l'idée qui lui semblait la meilleure à ce moment.  

"Grand-mère.." "Oui Lunii c'est moi." Elle sèche ses larmes et fait une place sur le canapé à sa grand-mère. Autour d'elles, les roses s'épanouissent, le temps semble suspendu dans ce jardin couvert. "Tu..." "J'ai tout entendu, ma douce... Et tu devrais écouter ton père. Je ne suis pas d'accord avec lui. Mais tu devrais laisser une chance à cet homme. S'il a autant de choses à y gagner que toi, ... Que l'entreprise. Alors il acceptera des compromis." "Mais je .. Je ne l'aime pas." L'amour, un mariage d'amour surtout, c'était important. "Tu sais,... Si tu arrives à trouver les mots juste, cet homme ne te forcera pas, c'est pour ça que tu dois apprendre à le connaître, pour mieux le faire lâcher cette idée." Un plan malin, son sourire qui se dessine, et un baiser sur la peau fripé de la vieille femme. Mais à cet instant, les deux ignoraient que cet homme était bien plus terrible qu'une simple proposition de mariage...

Petites annonces, trouver un boulot n'était pas si simple. Quelques cours de danse au plus jeunes, quelques cours particuliers... Mais rien de stable, et surtout pour le studio, c'était trop peu pour envisager de prendre mon envol... "Cherche nounou pour ma fille..." L'annonce de la dernière chance,... Et la bonne.

"Bonjour, je suis Mélusine, je viens pour un entretien... Pour le poste de nounou, pour votre fille." Je regarde l'homme en face de moi. Grand, fin, les cheveux noir jais, le regard encore plus bleu et plus puissant que le mien. Captivant... Et surtout mon sauveur. Enfin un job. La princesse de cet homme hypnotique était une petite fille merveilleuse et notre complicité fut une évidence. Garder cette merveille n'avait rien d'un job, mais c'était un plaisir, même si les regards croisés avec son père... Me faisait toujours chavirer le cœur....

"TU AS ÉTÉ CHOISIIIIIIIEEEEE!" Ma meilleure amie qui me serre fort contre elle, et mon rire qui se mêle au sien, je regarde le tableau avec la distribution d'un spectacle du studio où allait venir quelques producteur de shows importants. J'avais le premier rôle. Moi. Woh, je n'en revenais pas... Mon regard se porte sur la petite fille haute comme trois pommes qui me regarde en tapant dans ses mains. Je la prend et la fait voler en tournant. "Je vais être Odette !!!" Enfin, on allait pouvoir peut-être me sortir de ce calvaire... Car dans moins d'un an, je serais mariée en Italie... Sauf si ... Je trouvais une porte de sortie.